LA GRANDE ROUTE :

La Gande Route est une marche, de sa propre terre jusqu’à Jérusalem.

Elle est centrée sur la rencontre, la découverte de l’histoire des peuples, de leur mémoire, de la géographie de leur pays… Elle s’inscrit dans la durée, environ une année, à travers les saisons.
Toute personne qui part, chemine au-delà de ses peurs. Pendant un an, lentement, le
marcheur avance, tirant-poussant une carriole, sans argent, dans la dépendance à autrui. A
travers l’hospitalité et l’écoute, il reconnaît les différences comme une source d’enrichissement personnel. La marche progresse par étapes de 25 à 30 km grâce à l’accueil des « Jalons »qui sont des personnes, des familles, des communautés… Certains gardent en retour la mémoire de ce(s) passage(s).

En plus de cinquante ans, des milliers de kilomètres ont été parcourus, suivant trois axes
principaux en Europe :
– Europe Sud (France, Italie, Suisse, Grèce)
– Europe Centrale (France, Allemagne, Autriche, Hongrie, Roumanie, Bulgarie)
– Europe des Balkans (Slovénie, Croatie, Bosnie, Monténégro, Albanie, Grèce)
Ces itinéraires se rejoignent sur la traversée de : Turquie, Liban, Syrie, Jordanie, Palestine et
Israël.

Une cinquantaine de marcheurs, le plus souvent à deux, ont pris une année de leur vie pour
creuser, avec les personnes rencontrées, les sillons d’amitié de toutes ces Routes.

GALERIE

photo Route de Jérusalem

« Nous avons marché au moment du conflit gréco-turc à propos de Chypre. Ce qui était très, très, très important, pour les jeunes que nous rencontrions et en particulier pour le jeune grec, c’était de lui dire : » Tu sais, tu nous as accueillis, mais nous, on va aller en Turquie et sans doute, on va être accueillis par des jeunes comme toi. » Cette idée que nous étions une parole, un trait d’union, qui était perçu par les jeunes qui étaient en face de nous, et qui savaient que nous allions franchir la frontière, aller de l’autre côté, aller voir ceux qu’ils combattaient. C’était pour eux une prise de conscience que nous allions rencontrer l’ennemi. Cette idée d’école de paix, elle est venue aussi un peu comme ça. » 

Denis 

« C’était en Grèce, où l’on était accueillis par une famille très contente de nous présenter à son entourage. On est allé voir le Maire qui a semblé très fermé à ce qu’on racontait pour la paix : en marche pour la paix, on passe les frontières, on est aujourd’hui en Grèce, demain on sera en Turquie etc. On le sentait de plus en plus distant par rapport à notre témoignage. Au bout d’un moment, celui-ci nous a montré un endroit et nous a dit: » Vous savez, c’est à cet endroit que les Turcs ont égorgé mon Grand-père ». Ça nous a renvoyé au fait que le discours que l’on portait n’était pas recevable par tout le monde. Le défi de la paix, il est là. On sortait de l’Angélisme. »

Gildas

« En Turquie, un matin glacial, en plein hiver, nous sommes arrêtées sur la route par deux femmes qui tiennent vraiment à ce que l’on entre dans leur maison. Nous voilà attablées avec des tartines grillées, du beurre, enfin quelque chose de bien chaud. Toutes contentes, elles nous font découvrir, en lisant le Coran, qu’elles sont elles-mêmes croyantes. Nous avions derrière notre carriole, une pancarte « Yaya haci Alcou Kudüs » ce qui veut dire « Nous allons à pied vers la Ville Sainte. Au bout de quelques minutes de conversation, elles se rendent compte que la Ville Sainte, dans laquelle elles espéraient qu’on se rendait n’était pas celle vers laquelle nous allions. Nous avons été remises sur la route, de façon assez violente. On a repris notre marche dans le froid, sans animosité, mais en ayant compris, qu’en fait, ce n’était pas toujours gagné! »

Monique

« On était en Grèce, on approchait de la frontière turque. Il y avait une famille qui était inquiète pour nous, de savoir que quelques jours plus tard, nous allions passer de l’autre côté de la frontière. Le fait de lui donner des nouvelles par la suite, faisait qu’on était le témoignage vivant qu’on ne nous avait pas fait de mal. »

Fabien

« Premier jour de marche en binôme. On teste l’effet de la pancarte « U Jerusalim idem pjecice » « A pied à Jérusalem » sur la carriole. Ça marche ! Alors que l’on n’est même pas encore sortis de Sarajevo, deux personnes s’arrêtent pour nous donner des provisions, et l’une des deux nous invite à partager le petit déjeuner au village suivant. La journée se poursuit avec de très belles rencontres. Il fait très chaud. On atterrit chez Marco qui nous accueille sans hésitation, et avec qui on partage le déjeuner. »

Neïl et Clémentine

« On passait les frontières. Je voyais le douanier qui nous regardait, qui cherchait la voiture, qui nous disait : « Vous allez où? » « On va à Jérusalem. » Il était tellement stupéfait qu’il nous faisait « coucou » et on passait. On n’a jamais été arrêtés à une frontière. Et pour moi, c’était énorme, parce que je sentais ce lien, hors des Etats, hors de la politique, ce lien humain qui passait toutes les frontières. »  

Marie

« On se retrouve dans des familles complètement différentes. Ça change complètement le regard qu’on peut avoir sur telle ou telle religion, sur tel ou tel pays, sur telle ou telle culture et même sur la place de la femme dans telle ou telle culture. »

Clotild

« Tout ce qui est la confrontation de civilisations différentes au quotidien, de rythmes de vie, de paroles échangées, de langues auxquelles on n’est pas habitués, va permettre, en fait, de creuser ce désir d’apprendre plus de l’autre et de pouvoir, ensemble, peut-être, frayer un chemin vers une autre direction. »

Monique

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